Le samedi dernier a été marqué par une mobilisation sans précédent de psychothérapeutes, médecins, psychiatres, psychologues et universitaires, tous unis contre le projet de loi visant à réglementer l’usage du titre de psychothérapeute. La loi Bachelot, adoptée par le Sénat le 5 juin, a suscité des réactions vives au sein de la communauté spécialisée.
Des critiques unanimes
Les critiques contre la loi Bachelot fusent de toutes parts, avec près de 500 spécialistes exprimant leur désaccord. Un manifeste signé par ces professionnels certifiés souligne l’injustice perçue dans le texte. Selon eux, le projet est “inacceptable pour l’ensemble des professionnels certifiés, dûment et longuement formés, et pour leurs organisations représentatives.”
Formation restreinte
Au cœur de la contestation se trouve la clause de formation dite “théorique” en psychopathologie clinique, réservée uniquement aux “titulaires d’un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d’exercer la médecine en France” ou d’un “diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse ou Doctorat de médecine“. Cette restriction est critiquée pour son manque de reconnaissance envers les professionnels ayant une formation alternative.
Manque de distinction
Un autre point de friction concerne l’absence de distinction entre les professionnels certifiés après six années de formation et ceux formés sur une période d’environ quatre ans. La Fédération française de psychothérapie et de psychanalyse (FF2P) souligne que le projet ne tient pas compte des psychologues et médecins excellant dans le domaine, bien qu’ils n’aient pas suivi un cursus universitaire traditionnel.
Le projet de la ministre de la santé sous feu
Le projet de loi Bachelot, inscrit dans la lignée de la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires), suscite des inquiétudes au sein de la communauté spécialisée. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, est au cœur de la controverse, son initiative étant perçue comme un obstacle à la reconnaissance et à la diversité des parcours de formation des psychothérapeutes.
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Psychothérapeutes contre la loi Bachelot
La mobilisation des spécialistes contre la loi Bachelot reflète un profond désaccord au sein de la communauté de la psychothérapie. Les critiques portent sur la restriction de la formation et l’absence de reconnaissance des divers parcours professionnels. Alors que le débat continue, l’avenir de la réglementation du titre de psychothérapeute reste incertain, avec des professionnels déterminés à défendre leurs droits et leur diversité de formation.
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Cet article a 2 commentaires
De toute façon, la pratique n’étant ni réglementée ni réglementable, il suffira de changer de titre pour que rien ne change. De plus, l’expérience montre que le succès d’un thérapeute repose exclusivement sur sa “réussite professionnelle” induisant l’effet “bouche à oreille”. Sur cette base-là, les gens se fichent pas mal des titres ou diplômes du praticien qui, quoi qu’il en soit, ne sont pas une garantie de compétences. J’en veux, pour preuve, les nombreux exemples de psychanalystes n’ayant pas de cursus universitaire à leur actif (qui font du très bon travail). Tout thérapeute sérieux et compétent sait très bien que la théorie, si elle est nécessaire (et c’est le cas, bien sûr), n’est plus le facteur opérant majeur dans la conduite élaborative d’un processus psychothérapeutique. T. Maraninchi
Être psychothérapeute, c’est être capable de rendre opérante la synthèse de l’inné et de l’acquis. Les fondamentaux méthodologiques et théoriques sont nécessaires. Les prédispositions intrinsèques le sont tout autant. Le parcours personnel (avoir fait soi-même une thérapie dite professionnelle, être suivi en supervision). Un thérapeute célèbre disait : “Un bon psychothérapeute, c’est l’alchimie du savoir, du savoir-être et du savoir-faire.” Le souci avec ces lamentables tentatives de réglementation est qu’elles ne prennent pas en compte le caractère subjectif et spécifique de ce métier. Éliminer les “charlatans” auto-proclamés, oui. Faire des amalgames réducteurs, limitants qui aboutissent à des contresens absurdes, NON, MILLE FOIS NON. Tony Maraninchi (17 ans d’exercice, dépossédé de son titre)