La neuropsychologie, à l’intersection des neurosciences et de la psychologie, s’est enrichie ces dernières années de découvertes majeures qui transforment les approches cliniques et thérapeutiques. Ces avancées offrent une compréhension plus fine des mécanismes cérébraux et ouvrent la voie à des interventions plus ciblées et efficaces. De nouvelles recherches permettent d’affiner le diagnostic des troubles cognitifs et neurodéveloppementaux, tout en mettant en lumière des traitements prometteurs qui s’appuient sur une meilleure connaissance des interactions entre différentes régions du cerveau.
Les mécanismes de la mémoire : une perspective renouvelée
La mémoire, fonction essentielle du cerveau, fait l’objet de recherches approfondies visant à élucider ses processus d’encodage, de stockage et de rappel. Une étude récente, publiée dans la revue Nature, a mis en lumière la dynamique de l’intégration des souvenirs. Des chercheurs de l’école de médecine du Mont Sinaï à New York ont observé chez la souris que les neurones activés lors d’une expérience stressante sont réactivés peu après durant l’éveil calme. Cette réactivation faciliterait l’intégration des nouveaux souvenirs avec les anciens, contribuant ainsi à la stabilité et à la flexibilité de la mémoire.
Ces découvertes suggèrent que notre mémoire est un processus dynamique, constamment révisé par l’expérience. Elles pourraient également avoir des implications importantes pour le traitement des troubles de la mémoire, notamment chez les patients atteints de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Une évaluation approfondie des capacités mnésiques repose notamment sur des tests neuropsychologiques comme le WAIS, le MOCA et la Figure de Rey, qui permettent d’analyser les différents aspects de la mémoire et de l’intelligence cognitive.
Les bases neurobiologiques de la dyslexie
La dyslexie, trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture, a longtemps été étudiée sous l’angle comportemental. Cependant, une étude récente utilisant des données du Biobanco du Royaume-Uni, impliquant une vaste cohorte de 35 251 patients, a révélé des différences structurales spécifiques dans le cerveau des personnes présentant une prédisposition génétique à la dyslexie.
Les chercheurs ont identifié 35 variantes génétiques liées à la dyslexie et à d’autres conditions. Leurs analyses ont montré qu’une moindre densité de fibres nerveuses dans la capsule interne et un volume réduit dans le cortex moteur sont associés à une probabilité génétique accrue de dyslexie et de TDAH. Ces différences cérébrales se corrèlent également avec des performances plus faibles en lecture et en langage.
Ces résultats offrent une meilleure compréhension des bases neurobiologiques de la dyslexie et ouvrent la voie à des approches diagnostiques et thérapeutiques plus ciblées. Par ailleurs, ces avancées renforcent l’idée que la dyslexie ne doit pas être uniquement abordée sous l’angle pédagogique, mais aussi en tenant compte des spécificités neuronales des personnes concernées.
Les effets cognitifs à long terme du Covid-19
La pandémie de Covid-19 a suscité de nombreuses recherches sur ses effets à long terme, notamment sur les fonctions cognitives. Deux études récentes ont confirmé que des déficits cognitifs peuvent persister jusqu’à un an après l’infection. La première, publiée dans The Lancet, s’est intéressée à de jeunes adultes en bonne santé ayant développé une forme légère de Covid-19. Les résultats suggèrent que ces individus présentent des déficits cognitifs légers et persistants, même s’ils ne les perçoivent pas eux-mêmes.
La seconde étude, parue dans Nature Medicine, a suivi des personnes d’environ 54 ans ayant été hospitalisées pour des formes sévères de Covid-19. Elle révèle que ces patients montrent une réduction de matière grise dans certaines zones du cerveau et des performances cognitives similaires à celles d’une personne plus âgée.
Les implications de ces découvertes sont vastes. Elles mettent en avant l’importance d’un suivi neuropsychologique post-Covid et la nécessité de développer des interventions adaptées pour atténuer ces effets cognitifs prolongés. Des travaux sont en cours pour comprendre comment ces altérations peuvent être reversées ou compensées par des stratégies cognitives spécifiques.
Une neuropsychologie plus précise et personnalisée
Les avancées en neuropsychologie permettent une compréhension toujours plus précise des mécanismes du cerveau et de leurs implications sur la cognition et le comportement humain. Grâce aux nouvelles technologies et aux progrès en neurosciences, il devient possible de mieux diagnostiquer, comprendre et traiter divers troubles cognitifs et neurodéveloppementaux. L’émergence de l’intelligence artificielle appliquée aux neurosciences pourrait à terme permettre une personnalisation accrue des interventions neuropsychologiques.
